Face à la montée d’une nouvelle insulte virale sur TikTok, « tana », des créatrices de contenu ont réagi avec créativité et solidarité. Plutôt que de subir cette énième attaque sexiste, elles ont imaginé « Tanaland », un monde utopique et exclusivement féminin où les hommes n’existent pas. Cette initiative humoristique est devenue un symbole de résistance face au cyberharcèlement omniprésent sur les réseaux sociaux.
Depuis quelque temps, TikTok est sous pression pour mieux modérer les contenus et limiter les insultes sexistes. Dans ce contexte, le terme « pute » a été interdit, poussant certains utilisateurs masculins à inventer l’insulte « tana », inspirée d’une chanson de Niska. Rapidement, ce mot s’est répandu comme une nouvelle façon d’humilier les femmes en ligne.
Face à cette nouvelle vague de misogynie, des influenceuses ont décidé de transformer l’insulte en un mouvement positif. Hadja, une créatrice populaire sur TikTok, a initié le concept en annonçant qu’elle quittait la France pour rejoindre « Tanaland », un pays imaginaire libéré du sexisme. Ce monde fictif a rapidement pris de l’ampleur, de nombreuses créatrices contribuant à son développement avec humour et autodérision.
Les vidéos autour de « Tanaland » sont marquées par un univers visuel exubérant, dominé par des teintes de rose. Les créatrices y présentent des avions, des passeports, et même un drapeau rose symbolisant cette terre idéale, où les femmes peuvent s’exprimer librement sans craindre les attaques misogynes. Dans cet espace, les insultes sexistes n’ont pas leur place, et les femmes y trouvent une forme de paix et de libération face à la violence verbale qu’elles subissent au quotidien.
Ce phénomène représente bien plus qu’une simple tendance humoristique. Pour Carla Ghebali, influenceuse engagée dans ce mouvement, « Tanaland » est un véritable élan féministe, un cri de ras-le-bol contre l’acharnement sexiste sur les réseaux sociaux. « On en a assez de se faire traiter de “pute” ou de “tana” à tout bout de champ. Ce monde que nous avons créé, c’est notre manière de dire que nous en avons assez de cette société qui nous juge sans cesse », explique-t-elle. Cependant, la réponse des internautes masculins ne s’est pas fait attendre. Certains ont imaginé « Charoland », un contre-monde dans lequel les hommes pourraient traiter les femmes comme des objets. Cette réaction sexiste confirme, selon les créatrices de « Tanaland », la nécessité d’un espace réservé aux femmes, où elles peuvent enfin respirer loin des jugements et des insultes. « Tanaland » se dresse comme une nouvelle forme de féminisme numérique, où l’humour et la sororité sont des armes contre l’oppression patriarcale. Plus qu’un simple effet de mode, ce mouvement témoigne de la créativité des femmes pour se réapproprier l’espace numérique et y imposer leur voix, face à une misogynie persistante.