Le fact-checking, censé être un outil au service de la vérité, connaît aujourd’hui une dérive préoccupante en France. Ce qui était initialement une démarche de vérification impartiale et rigoureuse se transforme de plus en plus en un instrument
utilisé par certains groupes pour orienter l’opinion publique selon des lignes politiques. Derrière le masque de la neutralité, des techniques subtiles permettent de décrédibiliser des informations réelles, tout en renforçant la domination de certains discours officiels.

Une impartialité en question

Les fact-checkers se présentent souvent comme des arbitres neutres dans le tumulte de l’information contemporaine. Pourtant, leur financement, notamment par des subventions publiques et des partenariats avec des médias proches du pouvoir, jette un doute sur leur réelle indépendance. De plus, plusieurs enquêtes récentes ont mis en lumière l’implication
de certains d’entre eux dans des structures financées par des groupes aux intérêts politiques bien définis. Cela remet en cause leur capacité à évaluer l’information sans parti pris.
Un exemple marquant est celui de fact-checkers travaillant pour des médias qui reçoivent des subventions importantes du gouvernement ou de grandes entreprises. Ces mêmes médias se montrent souvent alignés sur les discours officiels, notamment en matière de santé, de sécurité ou de politique internationale. Dès lors, on peut s’interroger sur la capacité de ces vérificateurs à remettre en cause des narrations qui bénéficient à leurs propres financeurs.

Techniques pour discréditer l’information

Les techniques utilisées pour décrédibiliser une information jugée gênante sont variées. L’une des plus courantes consiste à utiliser des éléments de langage flous pour semer le doute sans nécessairement prouver que l’information est fausse. Par exemple, des expressions comme « non fondé », « douteux », ou « selon certaines sources » sont employées pour jeter l’ombre de la suspicion sur une information, même en l’absence de contre-preuve claire.
Une autre méthode consiste à décontextualiser certaines citations ou à utiliser des arguments d’autorité, en s’appuyant sur des experts proches du gouvernement, pour invalider un discours. Ces « experts » sont souvent les mêmes, intervenant systématiquement sur les mêmes plateaux et adoptant une ligne de pensée uniforme, renvoyant toute critique à de la « désinformation » ou à du « complotisme ».

De plus, il n’est pas rare que les fact-checkers isolent une petite inexactitude dans un discours ou un article pour discréditer l’ensemble de celui-ci, tout en ignorant les éléments véridiques qui constituent l’essentiel de l’information. Cette technique de focalisation sur des détails permet de détourner l’attention du public de la véracité globale du propos.

Enquêtes en cours sur des fact-checkers

Récemment, des enquêtes ont été ouvertes en France concernant certains acteurs du fact-checking. Ces investigations cherchent à déterminer si ces vérificateurs sont réellement indépendants ou s’ils obéissent à des agendas politiques cachés. Un cas particulièrement marquant concerne un média de fact-checking, régulièrement cité pour ses vérifications d’informations, qui aurait reçu des financements directs de l’Union européenne et de grandes ONG ayant des intérêts clairs dans les débats qu’il prétend arbitrer.
Les liens entre ces fact-checkers et certaines instances politiques suscitent la méfiance. Des journalistes indépendants ont révélé que plusieurs vérifications contestées avaient visé à faire taire des lanceurs d’alerte ou des personnalités critiquant des décisions gouvernementales, comme la gestion de la crise sanitaire ou des questions migratoires.
Ces affaires, toujours en cours, posent la question de savoir jusqu’où s’étend l’influence de ces acteurs du fact-checking sur la construction de l’opinion publique en France.

Vers une désinformation institutionnalisée ?

Le paradoxe du fact-checking en France réside dans le fait que, sous couvert de protéger le public contre la désinformation, certains vérificateurs participent eux-mêmes à un phénomène de désinformation. En jouant sur les biais de confirmation, en sélectionnant les faits qui correspondent à une ligne politique particulière et en rejetant systématiquement les discours divergents, ils deviennent des instruments au service d’une propagande moderne, plus subtile mais non moins efficace.
À l’heure où le débat public est de plus en plus polarisé, le rôle des fact-checkers doit être interrogé. Plutôt que de se contenter d’une confiance aveugle dans ces nouveaux arbitres de la vérité, il est nécessaire de scruter de plus près leurs sources de financement, leurs méthodologies et leurs véritables objectifs. Le fact-checking doit redevenir un outil d’investigation impartial, au service de tous les citoyens, et non un bras armé d’une quelconque idéologie politique.