"Les Évadés (film, 1994)"

Audition de Cnews devant l’Arcom : propagande contre pluralité

L’instance de régulation audiovisuelle a entendu les dirigeants de Cnews pour étudier du renouvellement de sa fréquence TNT. Multi-condamné, le descendant d’Itélé, chaîne généraliste, est devenu un organe de propagande pour l’extrême droite et a enfreint ses obligations en matière de pluralisme et d’impartialité. Mais les sanctions pécuniaires, dérisoires eu égard à la puissance financière du groupe, n’ont aucun effet : fake news, propos outranciers, violents et xénophobes rythment le quotidien de la télé de Vincent Bolloré. Lequel se livre à un chantage permanent pour obtenir le renouvellement de sa fréquence, au mépris de la réglementation en vigueur.

La sanction, au montant symbolique de 80 000 euros (une paille comparée au milliard de bénéfices et au 10 milliard de chiffre d’affaire du groupe Canal Plus), tombe au plus mal. Cinq jours avant l’audition cruciale de Cnews pour le renouvellement – ou non – de sa fréquence TNT, l’Arcom, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel, inflige deux amendes à la chaîne d’extrême droite. La première, de 60 000 euros, vise des propos jugés xénophobes prononcés le 10 décembre 2023 par deux invités (« l’immigration tue ») sans aucune réaction de l’animateur ou des « journalistes » maison. La seconde, de 20 000 euros, concerne des propos tenus lors de l’émission Punchline l’été dernier, relevant d’un certain négationnisme climatique : « Le réchauffement climatique anthropique est un mensonge, une escroquerie, à un moment, il va falloir poser les choses scientifiquement », avait affirmé un invité, sans jamais être recadré.

Pour Cnews, l’audition de ce lundi 15 juillet est cruciale : l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) doit renouveler les fréquences TNT de 15 chaînes arrivant à échéance à la fin de l’année. Des fréquences qui appartiennent à l’État, lequel est ainsi légitime à exiger des contreparties en matière de respect du pluralisme et d’impartialité.

A l’évidence, et les téléspectateurs comme le régulateur l’ont constaté, Cnews ne les respectent pas. Devenu de plus en plus ouvertement un organe de propagande d’extrême droite, la chaîne est le lieu de défoulement de la parole raciste et xénophobe. En mai déjà, l’Arcom avait infligé une amende de 50 000 euros à Cnews pour des propos de Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du Journal du dimanche, qui avait attribué la responsabilité de l’antisémitisme et de la surpopulation carcérale à l’immigration arabo-musulmane. En mars, l’Arcom avait adressé une mise en garde – sans sanctions pécuniaires – à la chaîne pour les propos de l’animateur vedette Pascal Praud, demandant à un invité si la prolifération des punaises de lit avait un lien avec le manque d’hygiène des migrants. « cela rappelle les années 30, estime Alexis Lévrier, historien des médias, lorsque la presse antisémite accusait les juifs d’être vecteurs de maladie ou responsables du développement de cloportes ».

Ritournelle

C’est devenu une habitude : depuis 2012, Cnews accumule les sanctions infligées par l’Arcom. Celles-ci comportent trois niveaux : de la plus anodine, la mise en garde, à la plus sévère, les sanctions pécuniaires, en passant par la mise en demeure. Cnews et C8 sont les seules chaînes à avoir été frappées au portefeuille.

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