Censure:
Meta Limite les Contenus Politiques sur Instagram, Créant une Controverse
En février, Meta, la société mère de Facebook, a annoncé qu’elle ne recommanderait plus les “contenus politiques” sur Instagram et Threads. Cette décision, prise en pleine période électorale, soulève des questions sur l’influence des entreprises privées dans la formation de l’opinion publique.
Le 9 février, Meta a déclaré sur son blog qu’elle cessait de « recommander de manière proactive du contenu politique » sur ses plateformes. La raison invoquée ? « Les utilisateurs nous ont indiqué qu’ils voulaient voir moins de contenu politique », a expliqué laconiquement l’entreprise de Mark Zuckerberg sur son site. Meta n’a pas répondu aux sollicitations de Télérama pour plus d’informations.
Cependant, Meta n’a pas précisé les critères pour définir ce qui constitue un contenu “politique”. Les comptes déjà suivis ne sont pas affectés par cette mise à jour automatique, mais pour désactiver cette fonctionnalité, les utilisateurs doivent modifier les paramètres de leur profil. La manipulation est rapide, mais nécessite d’être informé du changement, ce qui n’a pas été fait par Instagram auprès de ses deux milliards d’utilisateurs. Des comptes comme celui de l’émission C dans l’air ont pris l’initiative de guider leurs abonnés pour désactiver cette fonctionnalité.
En pleine période électorale, où certains partis critiquent leur couverture médiatique – comme en témoigne la saisie de l’Arcom par sept têtes de liste le 3 juin –, la décision de Meta suscite des interrogations. « Cette décision de limiter les contenus politiques va complètement au-delà des prérogatives d’un acteur privé », s’indigne Paola Pietrandrea, professeure en sciences du langage à l’université de Lille et spécialiste du discours numérique et politique.
« Déterminer ce qui est politique ou non n’est pas une tâche simple. De plus, décider de ne pas exposer les utilisateurs aux contenus politiques est une forme de censure, surtout que les internautes ne sont même pas informés, car c’est une mise à jour par défaut », ajoute-t-elle. Pour Pietrandrea, en plus de « limiter l’accès à l’information », cette mesure pourrait augmenter la polarisation politique.