Élections européennes et temps de parole : pourquoi les petits partis souhaitent changer les règles ?

"Les Évadés (film, 1994)"

Parmi les 38 listes officiellement candidates aux élections européennes du 9 juin, les électeurs ont retrouvé bien sûr celles issues des partis traditionnels, mais aussi d’autres moins connues. La plupart des « petites listes » ne sont créditées que de quelques centaines ou milliers de voix, bien loin du seuil des 5 % nécessaire à décrocher un siège au Parlement européen.

Et si elles espèrent, à travers la campagne, faire connaître leurs idées et faire entendre

leurs revendications, elles déplorent être maintenues à l’écart du débat électoral. Ce lundi matin, à quelques jours du scrutin, plusieurs candidats ont été reçus par l’Arcom, l’autorité de régulation de l’audiovisuel, pour demander à ce que les règles évoluent, afin que leurs voix portent davantage dans l’espace médiatique. Pendant les six semaines avant le scrutin du 9 juin, l’Arcom recommande le respect du principe d’équité, dans le cadre duquel sont pris en compte les résultats aux précédentes élections, les intentions de vote ainsi que la participation des candidats au débat électoral. Des notions librement interprétables par les diffuseurs.

La période d’égalité stricte des temps de parole n’existe que pour l’élection présidentielle et sur un temps limité. Mais plusieurs candidats s’émeuvent de certaines prises de parole dont ils estiment qu’elles ne respectent pas ces règles d’équité.

Pour « percer » auprès du grand public, les « petites » listes comptent sur la campagne officielle et les modalités de diffusion de l’Arcom. Alors quand leur spot de campagne est zappé, elles s’indignent et tentent de le faire savoir.

C’est le cas ces derniers jours suite à une erreur de diffusion sur France2, à horaire de grande écoute (20h30, et deux jours d’affilée. Les clips de plusieurs petites listes ont été remplacés par ceux de Renaissance et du Rassemblement national. « Pourquoi le service public invisibilise les « petites » listes pour faire de la publicité à heure de grande écoute à Jordan Bardella et Valérie Hayer ? On aimerait une explication et réparation », a ainsi réagi le député européen et candidat aux élections du 9 juin, Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne). Il a annoncé saisir l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). « Les règles du jeu ont été faites par les vieux partis pour les vieux partis. »

Le directeur réglementation et déontologie de France Télévision, Cyril Guinet a reconnu « un incident de diffusion ». Dans les colonnes du « Progrès », il explique qu’il « y a eu une inversion […] les clips de campagne de ces petites listes ont été diffusés, mais pas aux bons horaires », et rappelle la complexité de coordonner les spots de 38 listes.

L’Autorité de régulation a signalé avoir « mis en demeure » France Télévisions et la société France Médias Monde « de se conformer à leurs obligations ». Huit responsables de ces petites listes (Nouvelle donne, Allons enfants, le parti animaliste, Équinoxe, Volt, Esperanto, le parti radical de gauche et le parti pirate) dénoncent les obstacles qui empêchent les listes citoyennes et les partis non-traditionnels de s’exprimer normalement dans le débat public. Ils ont été reçus par l’Arcom ce lundi 3 juin.

France Télévision organisait, ce mardi, en seconde partie de soirée, un débat entre certaines « petites listes » mais sans inviter  d’autres candidats qui ne comprennent pas les critères de cette « sélection ». Ils se considèrent « muselés » et revendiquent une réelle égalité, pour ce scrutin, et surtout pour les prochains.

« Plus on vous donne la parole, plus vous êtes connus, c’est un cercle vertueux dans lequel nous ne sommes pas invités. Si on nous donne la parole, on fait vivre la démocratie » assure la Girondine Hélène Thouy, tête de liste du parti animaliste.

« Ouvrir le débat démocratique est une question fondamentale. Ce ne sont pas juste les petites listes qui ne sont pas contentes parce qu’on n’a pas vu leurs bobines à la télé » souligne Pierre Larrouturou.